lundi 14 mars 2011

Petits touristes sans passeport

Ces derniers jours, j'ai eu la plume touristique tranquille puisque j'ai passé la semaine de relâche à faire plusieurs sorties avec des jeunes du centre communautaire de mon quartier. Lors d'un trajet en autobus, quelque part entre une conversation sur les couples de la classe de 6e année et le dernier film vu, le garçon devant moi demande à son voisin qui était Robert Bourassa. Son ami ne sachant pas la réponse, il se tourne vers moi et me demande qui était lui sur qui on est en train de rouler (ça sonne trash, mais on comprend tous qu'on était sur l'autoroute. Merci.)
En fait, du haut de ses 9 ans, il croyait que Bourassa avait été premier ministre, mais sans en être trop convaincu. Alors je lui confirme la chose en ajoutant quelques informations sur l'homme politique en question. Il ajoute que René Lévesque a lui aussi été premier ministre, ça il le sait, car c'est le nom de sa rue!

Hormis le fait de prouver la pertinence de ce billet et de partager un moment assez chouette d'animatrice de loisirs/guide touristique, je me demande aussi ce que nous devrions faire pour bien former les petits touristes sans passeport. J'ai souvent l'occasion de guider des groupes d'enfants et d'adolescents pour quelques heures ou quelques jours. Malgré toutes les bonnes intentions des professeurs qui meublent le séjour de visites culturelles et de musées, les moments forts restent souvent la piscine de l'hôtel et l'achat de bébelles « J'aime Québec » ! Je crois que tout ce qui demande une reconstitution des faits par les jeunes eux-mêmes s'avère assez efficace pour comprendre l'histoire. À Québec, la reprise de la bataille des Plaines d'Abraham peut facilement prendre plus de temps que ce qu'elle a duré en vrai lorsqu'une quarantaine de jeunes jouent le jeu! En fait, l'histoire militaire en général semble en fasciner un bon nombre, parlez-en aux professeurs qui doivent ramener un minimum de discipline auprès des jeunes Wolfe et Montcalm après leur bataille, même s'ils y ont tous les deux laissé leur peau! Aussi, les fresques sont certainement un bon moyen d'illustrer l'histoire grâce aux nombreux personnages et aspects culturels qu'on retrouve en quelques mètres carrés. On en retrouve apparemment une vingtaine, seulement à Québec.

Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire avec nos jeunes pour les intéresser à découvrir leur pays, leur province et leur ville? D'abord, on pourrait s'amuser à regarder des cartes, comme ça peut-être que des québécois de 14 ans répondraient moins souvent Gaspésie, Longueuil et New York lorsque je leur demande le nom de la ville de l'autre côté du Saint-Laurent. On pourrait aussi suivre l'exemple de cette grand-mère et cette marraine que j'ai rencontrées l'automne dernier avec la petite-fille de 6 ans environ. Depuis quelques années, les deux femmes amènent la petite en voyage à Québec, là où elles habitent toutes. Elles deviennent touristes chez elles pendant 24 heures, allant même jusqu'à dormir à l'hôtel et faire une visite guidée à pied où la petite posait plusieurs questions, fascinée par l'histoire, par son histoire. Aujourd'hui, de plus en plus de jeunes ont des cours d'espagnol ou de mandarin et certaines écoles offrent des voyages en Europe et en Amérique Latine aux jeunes qui n'ont jamais vu le Saint-Laurent à un endroit où il a plus de 10 kilomètres de large. On veut les ouvrir sur le monde, ce que je comprends totalement et souhaite pour mes futurs enfants, mais est-ce qu'on pourrait leur proposer des échanges étudiants avec les communautés autochtones de leur province ou un voyage de plein-air sur la Basse-Côte-Nord ? C'est super de vouloir les ouvrir sur le monde, mais il ne faudrait pas oublier de les ouvrir sur leur monde.


Générationnellement vôtre,
Sarah sans passeport

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