vendredi 15 avril 2011

Théâtre express

Un coup ma photo avec l’affiche du 60e parallèle prise, ma prochaine étape de vie nordique était de faire des ateliers de théâtre et d’improvisation à l’école francophone de la ville. Alors, il va de soi que maintenant que ces deux semaines intenses d’ateliers sont terminées, je vous en fasse un petit compte-rendu.

D’abord, pour vous mettre en contexte, l’école Boréale est l’école francophone de la ville de Hay River. Une école qui accueille les jeunes du préscolaire à la 12e année (11e pour cette année, car il n’y a personne en 12e!) dans ses deux bâtisses séparées d’à peine quelques mètres. Comme il n’y a pas beaucoup d’étudiants, les niveaux sont regroupés dans les classes. Il y a donc trois groupes au primaire, en plus du préscolaire et au secondaire, ça varie selon les cours. Il n’y a pas une classe qui dépasse 20 personnes, deux niveaux inclus. J’ai eu la chance de rencontrer tous les jeunes de maternelle à 6e année à trois reprises en moyenne, en plus de passer dix matins avec les 7e-8e-9e année.

Étonnement, même si c’est l’école francophone et que tout se passe en français à l’école (sauf les cours d’anglais!), les jeunes ne sont pas des francophones en grande majorité. La plupart ne parle pas, ou peu, français en dehors de l’école. Fonctionnant comme les écoles anglophones au Québec, si les jeunes ont un parent ou grand-parent ayant étudié en français, ils ont accès à l’éducation en français eux aussi. Ce qui donne une classe de maternelle où tous les jeunes se parlent entre eux en anglais, répondent souvent aux professeurs en anglais, mais comprennent pas mal tout ce qui se dit en français. Ça donne aussi un genre de dialecte chez les 1re-2e année qui est du français avec des phrases à la syntaxe anglophone avec quelques mots anglais insérés par-ci par-là. Mais en fait, même si le français est la langue seconde, il reste que tout est en français dans cette école et les jeunes semblent très bien vivre dans leur réalité bilingue et ils s’améliorent grandement avec les années. Mais il a quand même fallu que j’adapte un peu mes ateliers, surtout pour la maternelle!  Ah et j’ai aussi dû adapter le nom d’un jeu… car lorsque j’ai dit aux 5e-6e qu’on allait maintenant jouer au toaster, quelqu’un a dit que toaster était un anglicisme… alors nous avons joué au grille-pain!!

J’ai adoré faire des ateliers avec la majorité des quelques 80 jeunes de cette école. Même si j’ai donné plusieurs ateliers culturels dans les dernières années, je n’ai jamais eu à préparer 4 ateliers par jour pour des niveaux différents pendant plusieurs journées! Comme c’est une petite école de langue minoritaire dans un village éloigné, ils n’ont pas de cours d’art dramatique, ni de théâtre en parascolaire. Donc pour la plupart, c’était une première expérience. Nous avons donc fait des petits sketchs, des virelangues et joué avec des marionnettes, pour les plus jeunes. Vendredi dernier, sur l’heure du midi, les jeunes de 7-8-9 ont même fait une partie d’improvisation devant le reste de l’école. C’était pour les pratiquer à être devant un public, mais aussi pour faire autre chose que la pièce sur laquelle on travaillait. Puis ce midi, c’était LE spectacle, qui en a rendu quelques-uns jaloux, car des jeunes du primaire m’ont demandée dans les derniers jours pourquoi eux ne faisaient pas de spectacle!

Le défi à relever : écrire et monter une pièce d’environ 40 minutes avec 15 jeunes de 7e-8e-9e année pour qui le français n’est pas la langue maternelle. En plus, j’ai donné un petit rôle à cinq jeunes de 4e-5e-6e année. Nous avons aussi eu à vivre avec le fait qu’en deux semaines, quatre élèves ont manqué entre 2 et 7 jours de classe, mais ils devaient quand même tous participé au spectacle, puisqu’il s’agit d’un projet qui compte dans leur cours d’arts. Les trois vidéos insérées dans la pièce ont entre autres été utiles pour pallier à ce problème. Alors tous les matins de 8h25 à 9h50, nous avons pratiqué le texte, tenté de comprendre les personnages et fait de l’impro. Même si j’avais fait le canevas du spectacle avant d’arriver ici, il reste que la grosse majorité de la pièce a été écrite lundi et mardi soir la semaine dernière! Les jeunes ont donc eu leur texte mercredi, il y a 9 jours et l’ont joué ce midi devant les élèves de 3e à 11e année, en plus de quelques parents présents, dont certains ne comprenant pas beaucoup le français. Même si en début de semaine nous avions un doute sur ce qu’allait donner le résultat, ce midi tous les jeunes savaient leur texte, parlaient relativement fort et réagissaient à ce qui se passait sur scène. Évidemment, j’aurais aimé faire plus d’exercices avec eux pour travailler de nombreux aspects autres que le texte, mais il reste que c’était un défi pour moi (et leur prof!) aussi, pas seulement pour eux! La journaliste qui était présente ce midi a même demandé les réactions de certains jeunes et adultes après le spectacle et cela devrait se retrouver dans les nouvelles de la radio francophone des TNO lundi, en plus de peut-être être dans le journal la semaine prochaine. La directrice de l’école était aussi très contente de voir ces jeunes fiers de leur performance après seulement deux semaines de travail, pour un projet totalement en français. Alors je ne sais pas si je vais refaire une expérience semblable un jour, mais pour l’instant, on peut dire : mission accomplie! Et maintenant il me reste quatre jours aux TNO pour être une vraie touriste!

Théâtralement vôtre,
Sarah sans passeport

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